Les origines du peuple Baleng

L’histoire du peuple Baleng trouve ses racines au Soudan, d’où ils partiront en quête d’une terre promise par leur Dieu, résolus à ne pas se soumettre à d’autres divinités.

Ils arriveront dans la plaine Tikar, convaincus d’avoir trouvé la terre tant espérée. Cependant, après plusieurs décennies, déçus par l’attitude des Tikars qui leur imposaient un certain tribut, ils comprendront avec regret qu’ils n’avaient pas encore atteint la terre promise. Désespérés, ils imploreront leur Dieu de leur montrer un chemin pour traverser le fleuve Noun.

À travers un songe, un chemin leur apparut, montrant non seulement les rochers et les lianes, mais aussi révélant qu’au cours de cette traversée, les crocodiles et les hippopotames du fleuve Noun deviendront leurs alliés.

Un périple guidé par un appui inestimable

Le jour venu, les personnes ayant eu ce songe prendront la tête du groupe et guideront les autres vers la traversée du Noun. Le premier s'agrippera à une liane suspendue à un rocher et se jettera à l'eau. À sa grande surprise, il se rendra compte que les hippopotames et les crocodiles formeront une barrière, ralentissant le flux des eaux et permettant ainsi une traversée plus rapide. Il parviendra ainsi à atteindre l'autre rive en toute sécurité, plantera un rocher et y accrochera le bout de la liane; marquant ainsi le chemin pour les autres.

Les autres, qui se trouvaient de l’autre côté de la rive, tendront la liane et aideront le peuple à traverser. Le dernier de la troupe, ayant également fait le songe, déplantera le rocher du côté Tikar, s’y agrippera et sera tiré avec force de l’autre côté de la rive. Après avoir traversé brillamment le fleuve Noun avec l'aide de leur Dieu et des animaux sacrés, le clan célébrera sa réussite. Grâce à cet exploit, les autres peuples leur attribueront le nom de « Ndo... ».

Le peuple Baleng s'établira sur la rive gauche du fleuve Noun. Ils se rendront vite compte que la terre était noire et fertile, une terre nourrie par les larves du lac de cratère: LA TERRE PROMISE PAR LEUR DIEU. Ils mèneront ainsi leurs activités, cultivant la terre et prospérant dans cet environnement riche et béni.

La Naissance du village Baleng

Après plusieurs décennies, le peuple Baleng fut attaqué par les Peuls. Ceux-ci voulaient les soumettre à L´Islam. Une grande partie de toute la côte ouest était déjà islamisé. Face au refus des premiers habitants Baleng, rencontrés sur la rive, les Peuls massacrèrent une grande partie du groupement.

Les Peuls considérés comme des êtres presque surnaturels, avec leurs chevaux et leurs masques (cagoules) enverront un message au chef du clan: « La prochaine fois que nous viendrons, si le clan ne se soumet pas, il sera exterminé. »

Le message fut transmis au chef du clan, qui organisera une séance de prière pour invoquer leur Dieu. La nuit de cette prière, les Dieux apparaitrons et leur révéleront comment venir à bout de ces "extraterrestres".

Dans le rêve, les Dieux leur indiqueront de creuser des tranchées le long du chemin menant à la résidence du clan, en y plaçant des piques qu'ils camoufleront soigneusement. Une fois cette préparation terminée, ils provoqueront les Peuls. Forts de leur puissance de guerre, les Peuls décideront de venir anéantir ce peuple. Mais grande fut leur surprise car les premiers Peuls tomberont sous les coups des piques cachées.

Entendant la fuite des chevaux et la chute des hommes, les autres Peuls prendront rapidement la fuite. Les guerriers Baleng sortiront de leur cachette et prendront le dessus sur les derniers Peuls. Ils se rendront vite compte que ces hommes étaient semblable à eux, et non des extraterrestres. Ils dompteront les Peuls et couperont les queues des chevaux en signe de victoire.

N.B: La Queue de Cheval deviendra un symbole de victoire sur la guerre et la mort. Les "extraterrestres" étaient aussi appelés les guerriers de la mort. C'est ainsi que les autres peuples, traumatisés par les guerriers de la mort, attribueront aux Balengs le nom de « Peleng Tam ». Dès cet instant, le chef de clan fut intronisé comme FO (FO Doup).

Le premier FO du peuple « Peleng Tam » organisera le premier rituel avec la queue de cheval, un symbole sacré qui commémore les morts tombés sous les épées peuls (les guerriers de la mort).

Le peuple « Peleng Tam » s’installera et poursuivra ses activités, mais restera constamment sous la menace des Peuls. Après la mort de FO Doup, le chef NCUGAFO, son successeur, décidera de déplacer le peuple vers un autre site:  qui deviendra plus tard « Famleng ».

Cependant, après le décès de NCUGAFO, le peuple se disloquera, et certains de ses fils partiront à la conquête d’autres territoires. L’un d’eux conquit le village Bandjoun, un autre prit le contrôle du village Balengou (NDE), et le troisième fondera le village Bassap (Haut Nkam). Celui qui avais été désigné, se retrouvera seule. Abandonné par ces frères, il décidera de quitter ce lieu. A la suite de cela, le lieu deviendra FAMLENG (lieu quitté)

Ils feront une escale sur le site Tyo, mais celui-ci était très exposé. Conscients du danger, ils décideront de déplacer le peuple vers le site actuel ou ils s´établiront.

À l’arrivée des Occidentaux vers la fin du 18e siècle, Le « Pe » (Peleng Tam) deviendra Ba, et le « Tam » disparaitra. Le peuple, le Village sera désormais connu sous le nom de Baleng, signifiant « Peuple des francs-tirés », en référence à leur victoire sur les Peuls.

La langue est un outil fondamental de la culture. La valorisation de la langue Baleng repose sur les directives de sa Majesté FO NEGOU II, Roi des Baleng, exprimées dans son discours d’intronisation en 2013 : « Faire de Baleng, dans un retour aux sources, une Destination Touristique ». Le Responsable du Patrimoine Baleng met en œuvre cet objectif à travers trois Volets."

Le premier volet se concentre sur la préservation et la promotion de la langue Baleng. Cela passe par sa mise en écriture et sa diffusion, en mettant en valeur la richesse de la culture, de l’histoire, de la cuisine, des vêtements, des objets, des archives, des vestiges archéologiques et des sites patrimoniaux autochtones et communautaires.

Le deuxième volet met l’accent sur le développement et l’enseignement de la langue Baleng à travers tout le territoire, en particulier au sein des communautés Baleng, tant locales qu’à l’étranger.

Le troisième volet a pour objectif la promotion de la langue Baleng à travers les initiatives de l’Académie NEGHAPELON, définies par sa Charte, sous la direction de sa Majesté le Roi du Groupement Baleng. La mise en œuvre de ces actions est assurée par le Responsable du Patrimoine culturel Baleng, Coordonnateur de l’Académie NEGHAPELON.

Depuis 2006, des fils et filles Baleng engagés se sont lancés avec passion dans l’écriture de leur langue, bravant les obstacles imposés par la domination des autres langues de la région. Malgré l’élan initial, les efforts peinent à prospérer. Mais la flamme ne s’éteint pas. Quelques années plus tard, de jeunes Baleng insufflent un nouveau souffle en lançant une stratégie audacieuse : la valorisation de la langue à travers un puissant symbole culturel - le pagne du Ngou-Ngoung, notamment en 2008, 2010 et 2012. Cette démarche marque les esprits, crée un élan, et inspire la naissance d’une association dédiée à cette cause.

En 2018, une nouvelle opportunité surgit. Une étudiante Baleng en Master II de traduction choisit de travailler sur la valorisation des langues locales camerounaises à travers le sous-titrage. D’abord contrainte par ses encadreurs à étudier le Ghomala’, elle parvient, grâce à sa détermination et au soutien fort de la communauté et de Sa Majesté Fo Negou II, à orienter ses travaux sur le LON, une variante du Ghomala propre à Baleng. Ce geste, appuyé par une mobilisation royale et communautaire, marque une étape importante : pour la première fois, notre langue trouve sa place dans un cadre universitaire.

C’est fort de tout ce parcours, de cette volonté collective et des défis relevés que Sa Majesté Fo NEGOU II a pris conscience de l’impérieuse nécessité de créer un cadre de réflexion scientifique dédié à la structuration, l’harmonisation et la reconnaissance officielle de notre langue.

La mise en œuvre de l’Académie NEGHAPELON couvre à la fois la structuration de ses activités et l'organisation des actions de promotion et de préservation, fondées sur la diversité culturelle qui est au cœur de l'identité du peuple Baleng. L'Académie NEGHAPELON se trouve au foyer du palais Royal Baleng, un lieu emblématique des efforts historiques pour le développement du peuple